Exposition Rony SPERANZA : “TERRES INTERIEURES – La face cachée de la lune”

Présentation de l'exposition Rony SPERANZA "TERRES INTERIEURES - La face cachée de la lune"

Du 4 décembre 2019 au 1er février 2020, l’Espace Beaulieu accueille les photographies de Rony Speranza en dialogue avec les poésies de Serge Champeau.

Par son travail de création, Rony Speranza tente d’appréhender le monde, les objets, au-delà des représentations conventionnelles que l’on peut en avoir, en mettant l’accent sur la part subjective de celui qui perçoit.

De ses Terres intérieures, Rony Speranza a retenu 33 photographies dont la série évoque un itinéraire qu’il appartient à chacun de préciser en le parcourant. De La face cachée de la Lune, elle présente une sélection de clichés qui interroge notre perception du réel, du visible et de l’invisible.

 

« Les montages de divers matériaux, diversement éclairés, dont elle amplifie les dimensions modestes à l’infini par la photographie, se laissent lire en effet aussi bien comme des paysages terrestres que comme les étapes d’un voyage intérieur.

De ce voyage, elle a demandé à Serge Champeau de livrer sa propre interprétation. Les textes qui figurent en regard – c’est bien le mot – des photographies ont été composés à partir de celles-ci seulement, sans échange avec la photographe autre que celui, plus souvent muet que parlant, d’une attention soutenue du philosophe au travail exigeant et patient qui est celui, depuis des années, de Rony Speranza.

Le spectateur-lecteur est invité, à son tour, à reprendre ce chemin – une troisième fois – pour donner sens à ces espaces créés par la photographe, dont la fonction, au-delà de l’aventure personnelle dont ils témoignent, est d’éveiller l’imagination, l’intelligence et le coeur de chacun.

La face cachée de la Lune est celle que tout un chacun peut voir. Inutile, à cet effet, d’expédier au loin à grands frais un lourd appareillage. Les clichés médiocres que ces expéditions ramènent peuvent être pris dans n’importe quel chemin entre les vignes à la fin de l’été. Il suffit, pour voir cette face cachée, d’aveugler les yeux qui en nous scrutent avidement les objets du monde. Ce qui devient visible alors n’est pas seulement la face cachée de la lune – qui n’est rien d’autre qu’une banlieue un peu éloignée. C’est la face cachée de la fleur la plus humble du jardin, ou de cette nuit claire d’hier, ou de la pierre secrète sur laquelle s’est refermée la main emmitouflée d’un enfant, ou encore celle des plus lointaines constellations.

Le moine zen Dôgen, poète et philosophe japonais du XIIIe siècle, soutenait que les montagnes sont les montagnes, l’eau est l’eau : ces mots ne signifient pas que les montagnes sont les montagnes, ils signifient que les montagnes sont les montagnes. Face à la perplexité de ses disciples, il éclaircissait son propos en ajoutant que voir la montagne et l’eau elles-mêmes, lavées des scories qu’y laissent nos désirs, c’est les voir en quelque sorte comme elles se voient elles-mêmes.

Les photographies de Rony Speranza nous arrachent au réel pour nous y ancrer à nouveau. Elles font luire, derrière chaque chose et l’univers entier, les éléments, la différence qui les écarte l’un de l’autre et la puissance de dissémination qui ouvre le monde que notre regard quotidien distraitement referme. »

 Serge Champeau

INVITATION AU VERNISSAGE

Affiche de l'exposition Rony SPERANZA "TERRES INTERIEURES - La face cachée de la lune"